Diversification économique : l’Algérie triple ses exportations hors hydrocarbures depuis 2017
L’Algérie franchit une étape décisive dans sa transition économique

L’Algérie poursuit son virage stratégique vers une économie moins dépendante des hydrocarbures, avec des résultats tangibles. En 2023, les exportations hors pétrole et gaz ont atteint 5,1 milliards de dollars, soit trois fois plus qu’en 2017. Cette évolution, soutenue par des réformes profondes et l’appui de la Banque mondiale, marque une étape importante vers une croissance plus résiliente et durable. selon la mise à jour économique de la Banque mondiale pour le second semestre 2024.
Synthèse par: Kamelia El-Malik
Longtemps dépendante des recettes issues du pétrole et du gaz, l’économie algérienne s’ouvre désormais à de nouveaux secteurs, à travers des réformes ambitieuses et une stratégie de diversification soutenue à plusieurs niveaux. Les produits tels que les engrais, le ciment, les bobines d’acier ou encore les dattes prennent progressivement le relais dans les ports du pays, illustrant le changement structurel en cours. Cette transformation repose notamment sur la mise en place du Système communautaire portuaire algérien (APCS), lancé en juillet 2021 avec l’expertise technique de la Banque mondiale. Cette plateforme numérique relie les acteurs portuaires – douanes, armateurs, exportateurs – afin de fluidifier les opérations commerciales et réduire les délais de dédouanement. Parallèlement, la nouvelle loi sur l’investissement promulguée en 2022 facilite l’implantation des investisseurs à travers des exonérations fiscales, une simplification administrative, et l’appui d’une plateforme numérique mise en ligne par l’Agence Algérienne de Promotion de l’Investissement (AAPI), également appuyée par la Banque mondiale. Ce cadre plus attractif vise à capter davantage d’investissements directs étrangers, notamment dans les secteurs tournés vers l’exportation.
Réformes structurelles et ouverture aux marchés internationaux
Au-delà du commerce portuaire et de l’investissement, la diversification économique s’appuie aussi sur le développement de secteurs clés comme l’agriculture et l’industrie légère. En 2018, une opération de collecte de 800 000 peaux de mouton, soutenue par la Banque mondiale, a permis de relancer la filière cuir. Des initiatives similaires ont été déployées dans la transformation du liège et la mécanique de précision, accompagnées de programmes de formation et de renforcement des capacités. Pour renforcer l’accès des produits algériens aux marchés étrangers, l’Organisme Algérien d’Accréditation (ALGERAC) a, avec le soutien de la Banque mondiale, mis en œuvre un plan stratégique qui a permis d’accroître de 75 % le nombre de laboratoires accrédités entre 2021 et 2024. Ces efforts s’inscrivent dans une logique de conformité aux normes internationales. Toutefois, des défis structurels subsistent : faible productivité, lourdeurs administratives et risques liés à la transition énergétique mondiale.
En effet, les exportations à forte intensité carbone, comme les engrais et le ciment, seront soumises à des contraintes nouvelles avec la mise en œuvre du mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (CBAM) par l’Union européenne. Dans ce contexte, la Banque mondiale recommande à l’Algérie d’accélérer la modernisation de son industrie, d’élargir sa base exportatrice vers les énergies renouvelables et les technologies numériques, et de mettre en place une tarification du carbone. «L’Algérie dispose d’un potentiel considérable pour diversifier ses exportations et s’intégrer dans les chaînes de valeur mondiales. Le défi actuel est de capitaliser sur cet élan, notamment en s’attaquant aux barrières structurelles et en renforçant la compétitivité», déclare Kamel Braham, représentant résident de la Banque mondiale en Algérie. La dynamique enclenchée, alliant digitalisation des processus commerciaux, réforme institutionnelle et ouverture à de nouveaux marchés, pose ainsi les bases d’un nouveau chapitre pour l’économie nationale.
K.E.