Développement de l’épargne en Algérie : une priorité pour financer l’économie nationale

Avec un potentiel d’épargne significatif, l’Algérie se trouve à un tournant stratégique. La mobilisation de cette ressource exige des efforts coordonnés, une numérisation accrue et une réforme profonde des instruments financiers. Laaziz Faid, ministre des finances, a souligné à l’occasion de la célébration du 30 ème anniversaire de la création de l’Abef et de l’UAR que le financement du déficit du budget et du Trésor par la dette n’est pas la solution. Le Directeur central au CPA, Mazari a indiqué, lui, que 57% des Algériens épargnent via des procédés informels.
Par Khaled Remouche
La journée dédiée à l’épargne, organisée jeudi dernier à l’hôtel Aurassi à Alger, a permis de faire le point sur l’importance de l’épargne dans le financement de l’économie nationale. Cet événement, organisé par l’Association des banques et établissements financiers (ABEF) et l’Union algérienne des réassurances (UAR), coïncidait avec la célébration de leur 30ᵉ anniversaire et a vu le lancement d’une initiative majeure : l’Observatoire de l’épargne et du financement de l’économie.
Des chiffres marquants sur l’épargne en Algérie
Selon Kamel Meraghni, directeur des prévisions au ministère des Finances, le taux d’épargne des ménages en Algérie atteint 33,6 %, pour un montant global estimé à 7600 milliards de dinars en 2024. Pourtant, Mazari, directeur des finances islamiques au CPA, a relevé que 57 % des Algériens continuent d’épargner de manière informelle, en raison notamment de faibles rendements bancaires (2 à 3 %) face à une inflation de 9 %.
Par ailleurs, la bancarisation progresse et atteint 44 %. Ce chiffre grimpe à 60 % en incluant le réseau d’Algérie Poste, qui enregistre 25 millions de comptes, contre 12,5 millions pour les banques.
Réduire la dépendance à la dette pour financer l’économie
Lors de son intervention, Laaziz Faid, ministre des Finances, a souligné que financer le déficit budgétaire par la dette n’est pas une solution viable à long terme. Pour 2025, le déficit s’élève à 8 700 milliards de dinars, tandis que le budget atteint 16 700 milliards de dinars, un niveau record depuis 1962.
Malgré une dette interne représentant moins de 50 % du PIB, offrant une marge par rapport à la norme internationale de 60 %, Faid a insisté sur la nécessité de mobiliser des ressources alternatives comme le marché financier, l’épargne publique et privée. Il a également appelé à ce que l’entreprise joue un rôle central dans le financement de l’économie, laissant à l’État le soin de se concentrer sur des secteurs prioritaires comme l’éducation, la santé et les programmes sociaux.
Les leviers pour dynamiser l’épargne
La digitalisation s’impose comme une priorité pour intégrer davantage d’épargnants au circuit formel. M. Sbaa, directeur général du Trésor, a rappelé que les 20 millions de cartes bancaires actuellement en circulation contribuent à réduire le recours à l’informel.
En parallèle, Yazid Benmoub, directeur général de la Bourse d’Alger, a mis en lumière le rôle du marché financier. Avec une capitalisation de 4,9 milliards de dollars et 60 000 actionnaires, la Bourse représente un potentiel encore sous-exploité, freiné par l’absence de produits comme les Sicav et les OPCVM, essentiels pour attirer les investisseurs.
Mobiliser l’épargne : enjeux et perspectives
Le panel intitulé « Mobiliser l’épargne : défis et perspectives » , qui a marqué cette journée, a permis aux acteurs du marché financier – Trésor public, banques, assurances, Bourse d’Alger et COSOB – de dresser un état des lieux et de proposer des actions concrètes à court terme. Parmi les priorités identifiées figurent l’élargissement de l’offre de produits financiers et la mise en place de mécanismes plus attractifs pour les épargnants.
K.R.
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