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Autosuffisance en blé : les défis que doit relever l’agriculture saharienne algérienne

Le gouvernement algérien table sur la mise en valeur de 2 millions d’hectares dans le sud

A moins de 55 quintaux à l’hectare, la culture du blé dans le grand sud n’est pas rentable. Le raccordement des périmètres agricoles au réseau électrique de Sonelgaz ou l’utilisation de l’énergie solaire permet de garantir la pérennité de l’activité agricole dans le sud.

Par Khaled Remouche

Lors de la visite du stand du groupe public Madar par le ministre de l’industrie Ali Aoun au cours de la 55 ème édition de la foire internationale d’Alger, le PDG du groupe Madar, Cherif Eddine Amara a fait part au premier responsable du département industrie des difficultés dans la mise en valeur des terres dans le grand sud. Il faut savoir que le groupe Madar détient dans la Wilaya de Ouargla, à Gassi Touil près de Hassi Messaoud, un périmètre agricole de 2000 hectares en cours d’exploitation cultivé essentiellement en céréales.

Premier problème évoqué est l’éloignement du périmètre du réseau électrique, environ 40 kilomètres. Ce qui alourdit le prix de revient du quintal du blé. «Avec les groupes électrogènes, la culture du blé n’est pas rentable » a souligné le PDG du groupe Madar. Cette contrainte est soulevée par le nombre d’agriculteurs et d’investisseurs dans la mise en valeur des terres dans le grand sud. L’une des solutions à ce problème, outre le raccordement au réseau électrique de Sonelgaz, est l’introduction des énergies renouvelables au lieu d’utiliser les groupes électrogène fonctionnant au gas oil. L’autre problème est le climat dans le grand sud qui peut affecter la récolte, en particulier les vents de sable. Dans le cas de ce périmètre de Gassi Touil, le rendement à l’hectare a diminué en raison de ces vents de sable, a ajouté le premier responsable du groupe Madar. De 70 quintaux à l’hectare, le rendement est tombé à quarante quintaux à l’hectare. Le périmètre a connu ainsi une chute de production par rapport à la précédente saison agricole. En ce sens le ministre de l’industrie, Ali Aoun a lancé à la suite du Président de la République : «A moins de 55 quintaux à l’hectare, la culture du blé dans le grand sud n’est pas rentable ».

A cet égard, dans un document intitulé « Sécurité alimentaire en Algérie : une avancée remarquable », le cabinet conseil international PricewaterhouseCoopers cite les défis de l’agriculture saharienne que l’Etat doit relever pour parvenir à réaliser les ambitions des pouvoirs publics en matière d’autosuffisance alimentaire notamment en blé. Il s’agit notamment de l’érosion, des vents forts et des tempêtes de sable, la pauvreté des sols en matière organique et nutriments essentiels, le manque d’infrastructures tels que les entrepôts et les installations de transformation ; l’accès difficile aux marchés en régions sahariennes ».

Quand le Tilapia fait augmenter les rendements agricoles

Mais l’agriculture saharienne n’a pas que des inconvénients. En particulier, l’expérience de Cosider Agro, la filiale du groupe Cosider est éloquente. Cette entreprise dispose de trois périmètres agricoles d’une superficie totale de 37.000 hectares : l’un à Khenchela d’une superficie de 17.000 hectares, l’autre à Touggourt d’une superficie de 4022 hectares, l’autre encore à Adrar d’une superficie de 16.000 hectares. Dans ces exploitations, Cosider Agro cultive les céréales, les cultures fourragères (luzene, mais), les arachides, les pois chiches et les lentilles. Elle y pratique également l’élevage ovin et bovin. Mais ce qui est très positif pour l’agriculture est l’élevage du poisson d’eau douce Tilapia. Cette production aquacole à partir de retenues d’eau de ces périmètres a permis  d’accroitre le rendement dans le périmètre agricole de Cosider Agro à  Khenchela à travers l’utilisation des eaux riches en sels minéraux induites par l’élevage du Tilapia. Cette expérience peut être systématisée dans les périmètres agricoles dans le grand sud du pays où la culture des céréales peut être accompagnée par l’élevage du tilapia.

En définitive, il convient de relever de telles contraintes au développement de l’agriculture saharienne si on veut réduire de façon significative la facture importations de blé, l’un des plus importants poste de dépenses dans la facture alimentaire. Cet effort  passe également par l’écoute des agriculteurs et des investisseurs qui ont accumulé une expérience  dans la mise en valeur des terres  dans le grand sud ainsi que des experts agronomes spécialisées dans les cultures en zone désertique.

K.R.

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