Algérie-UE : le méthane au centre d’un dialogue stratégique
Un atelier technique pour anticiper les impacts du nouveau règlement européen

Un atelier technique s’est tenu à Alger, le 16 juin 2025, à l’École de Formation en Gestion de Sonelgaz (EFGB), dans le cadre du dialogue stratégique entre l’Algérie et l’Union européenne sur les questions énergétiques. Organisé dans le cadre du programme TaqatHy+, cofinancé par l’Union européenne et l’Allemagne, cet événement a réuni des représentants institutionnels et industriels des deux rives, pour débattre des mécanismes de mise en œuvre du nouveau règlement européen sur le méthane et de ses implications pour les exportations algériennes de gaz naturel.
Selon le communiqué de la Délégation de l’UE à Alger, « cet atelier technique avait pour objet d’échanger sur les préparations et les mécanismes de mise en œuvre du règlement européen sur le méthane et d’analyser son impact potentiel sur les exportations de gaz ». Il s’inscrit dans un contexte global où la lutte contre le changement climatique impose des exigences réglementaires de plus en plus strictes, notamment pour les pays exportateurs d’énergie fossile.
Les participants — parmi lesquels figuraient des représentants du Ministère de l’Énergie, des Mines et des Énergies Renouvelables (MEMER), du Ministère des Affaires Étrangères, de la Commission européenne, de l’Ambassade d’Allemagne et de plusieurs compagnies internationales — ont débattu des aspects réglementaires, techniques et financiers liés à la réduction des émissions de méthane. Le nouveau règlement européen 2024/1787, qui établit des obligations de surveillance, de déclaration et de réduction des émissions, impose deux échéances clés : « En 2027, les dispositifs de Monitoring, Reporting and Verification (MRV) deviendront une exigence centrale. À l’horizon 2030, l’introduction de valeurs limites sur les émissions de méthane […] conditionnera l’exportation vers le marché européen ».
Dans ce contexte, Sonatrach a présenté ses efforts en matière de réduction du méthane, en lien avec la stratégie climat de l’Algérie. « Ces efforts s’inscrivent dans une stratégie climat ambitieuse, fondée sur la décarbonisation progressive des assets et sur la transition énergétique, intégrant davantage les énergies renouvelables », souligne le communiqué. L’entreprise affirme également développer de nouveaux secteurs comme les carburants bas carbone et l’hydrogène.
L’atelier a aussi permis de discuter de l’initiative OGMP 2.0 (Oil and Gas Methane Partnership), un dispositif volontaire soutenu par l’ONU et le Climate and Clean Air Coalition, visant à améliorer la transparence et la précision des déclarations d’émissions. Les exigences de ce cadre ont été détaillées pour mieux préparer les entreprises algériennes aux standards internationaux.
Cet événement a été précédé, le 15 juin, de réunions des groupes de travail sectoriels entre experts algériens et européens. Ces échanges ont porté sur d’autres sujets d’intérêt, comme la certification de l’électricité verte, les interconnexions régionales, l’efficacité énergétique ou encore le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (CBAM). Ces concertations techniques témoignent de la volonté commune d’approfondir la coopération énergétique entre l’Algérie et l’UE.
Le programme TaqatHy+, dans le cadre duquel s’est tenu cet atelier, a été lancé en décembre 2022. Il est dédié au développement des énergies renouvelables, de l’hydrogène vert et de l’efficacité énergétique en Algérie. Il se poursuivra jusqu’en mai 2029, avec l’appui de la coopération allemande (GIZ) et le pilotage du MEMER.
A.I.