Algérie : Entre optimisme économique et défis structurels
La Banque mondiale salue les progrès mais averti sur les risques liés aux hydrocarbures, au climat et à l'endettement public.

La croissance économique reste encore liée à l’évolution du secteur des hydrocarbures. Les efforts de diversification, bien qu’importants, restent insuffisants. Ce chantier demandera encore quelques années, au moins cinq ans, pour que l’économie nationale s’affranchisse de manière significative des fluctuations des prix du pétrole.
Par Khaled Remouche
Dans un rapport de suivi de la situation de l’économie nationale en 2023 et au premier semestre 2024, publié au printemps 2024, la Banque mondiale affiche sa satisfaction concernant en particulier le taux de croissance, la réduction de l’inflation et la croissance des réserves de change. Cependant, la Banque mondiale pointe du doigt plusieurs risques ou menaces importantes qui pourraient affecter ou contrarier l’évolution de l’économie nationale à court et moyen terme. En un mot, inverser la tendance.
Le premier risque principal est l’évolution des prix des hydrocarbures. « Les prix des hydrocarbures, dans un contexte d’incertitude politique, comportent des risques importants », lit-on dans le document. Précisément, dans un contexte d’augmentation des importations et des dépenses publiques, une baisse des recettes d’hydrocarbures exercerait une pression croissante sur les équilibres extérieurs et budgétaires. En d’autres termes, la variabilité des prix des hydrocarbures reste le principal risque pour les équilibres macroéconomiques, les besoins de financement prévisionnels soulignent l’importance d’un rééquilibrage budgétaire progressif, précise le document.
Autre menace : la sensibilité de l’économie algérienne au changement climatique. En clair, la croissance de la production agricole a ralenti en raison des sécheresses, avec des indices de végétation inférieurs à la normale dans certaines régions productrices de l’est du pays. D’autre part, plusieurs risques liés au changement climatique soulignent l’importance d’intégrer ces enjeux dans la stratégie nationale de développement. La Banque mondiale relève une tendance à l’international : la transition mondiale vers des modes de production plus propres, au détriment de ceux générant des émissions de carbone élevées.
L’institution financière internationale issue des accords de Bretton Woods rappelle que ce changement revêt une importance particulière alors que l’Europe, principal partenaire commercial de l’Algérie, met en place de nouvelles taxes à ses frontières. Ces mesures pourraient affecter de manière significative la majorité des exportations hors hydrocarbures, constituées principalement de produits à forte intensité carbone comme les engrais, prévient la Banque mondiale.
À noter que ce rapport est également intitulé « Investir dans les données ». Une suggestion de la Banque mondiale. Un argumentaire accompagne cette proposition : « Des systèmes de données améliorées soutiendraient le passage vers une budgétisation axée sur les résultats et l’élaboration de politiques fondées sur des données probantes. Ils fournissaient des données économiques précises et exhaustives aux chercheurs ainsi qu’aux investisseurs nationaux et internationaux potentiels, ce qui atténuait l’incertitude politique et favorisait l’investissement ». Il s’agit d’investir dans un système statistique ou de données fiables.
Concernant les perspectives économiques en 2025 et 2026, la Banque mondiale prévoit une augmentation de l’endettement intérieur : 55 % du PIB en 2026 contre près de 50 % en 2023. À noter que la croissance significative de l’endettement intérieur constitue un risque. Cet endettement public peut avoir des répercussions négatives sur l’économie nationale.
Il faut rappeler, concernant les prévisions de la Banque mondiale, le rebond de la croissance de l’Algérie en 2025, ainsi qu’une augmentation du volume de production d’hydrocarbures en 2025 et 2026. En revanche, dans un scénario d’augmentation plus rapide des importations, cette institution financière internationale projette un déficit du compte courant et une réduction des réserves de change.
La Banque mondiale préconise, en outre, l’adoption d’une politique de dépenses publiques prudente, qui aiderait à réduire le déficit budgétaire et à limiter l’augmentation de la dette publique. Autre suggestion importante : la Banque mondiale recommande de transformer le mode économique actuel de l’Algérie en un modèle fondé sur l’investissement privé.
K.R.
Un commentaire