A près de 50% du PIB :«la dette publique de l’Algérie n’est pas excessive, elle reste soutenable »

Des experts qui ont animé le troisième panel centré sur les interventions financières du Trésor ont posé des questions de fonds liées à l’allocation judicieuse des ressources financières de l’Etat, à la rationalisation des dépenses publiques ainsi qu’à la réforme fiscale.
Par Khaled Remouche
La journée consacrée à la modernisation du Trésor public et à la réforme du secteur financier organisé samedi dernier par la Direction général du Trésor (DGT) a constitué une opportunité pour présenter à un auditoire constitué de responsables de cadres et responsables du secteur financier ainsi qu’à des experts du domaine un état de la dette publique de l’Algérie en 2023. Précisément au cours du troisième panel centré sur les interventions financières du trésor, Salah Labani chef de division opérations financières à la DGT a présenté les chiffres de cette institution concernant cet important indicateur macroéconomique.
«La dette publique s’est établie à 16044 milliards de dinars soit 49,2% du PIB en 2023 (résultat provisoire) contre 15334 milliards de dinars soit 48,07% du PIB en 2022. Le déficit global du Trésor hors FFR y compris CNR s’élève à 3406 milliards en 2023 (chiffre provisoire) à 3245 milliards de dinars, soit 10,1 % du PIB en 2022. La dette externe se situe à 0,37 % du PIB» Invité donner à son point de vue sur ces données du Trésor, Rachid Sekak, expert financier international, l’un des animateurs d’un tel panel a observé « que la dette publique n’est pas excessive pour l’instant. Elle reste parfaitement soutenable. C’est une dette à 99% interne.
La situation des nouvelles mobilisations suit clairement la prise en charge du soutien aux entreprises publiques ». Ma préoccupation, ajoute-t-il réside dans la détention de la dette qui est largement détenue par nos banques publiques et notre banque centrale, ce qui représente pour moi un facteur de fragilité car cela dépend de plus en plus lourdement de la variabilité des prix des hydrocarbures». Salah Labani a ajouté à ce propos que le Trésor est en train de lisser la dette publique afin que la maturité de la dette soit plus longue, en d’autres termes qu’elle soit remboursable à une échéance plus lointaine.
Dans sa présentation, le chef de division chargé des opérations financière a fourni, en outre, des chiffres sur les engagements financiers du Trésor, en un mot les financements de l’Etat ou les investissements publics orientés vers les grands projets structurants. Le cumul des montants financiers décaissés dans ce chapitre s’élève à 5740 milliards de dinars, 1143 milliards restants à mobiliser ou en termes simples à dépenser. Ces engagements financiers se répartissent ainsi : 41 % pour la caisse nationale de retraite (CNR), 6% pour les énergies renouvelables, 9% pour l’industrie, tr 14 % pour le transport , pour les travaux publics 11%. La nature des projets selon ce responsable sont diversifiés : projet algéro qatari Bladna (production de lait en poudre), programme des énergies renouvelables, projet Gara Djebilet , méga projet intégré phosphate de Tébessa, transport ferroviaire ( nouvelles voies ferrées), Hôpital algéro qatari, renouvellement de la flotte aérienne, équipements SNTF et metro d’Alger….Rachid Sekak a relevé, sur ce point, la nécessité de bien définir le concept de grand projet structurant retenu par les pouvoirs publics. Selon lui, le projet structurant devrait être générateur d’un volet supplémentaire d’exportation, d’un effort fort et réel d’import substitution, d’un fort volet social en matière d’aménagement du territoire.
«Les dépenses budgétaires augmentent plus vite que les recettes fiscales»
Rachid Sekak a laissé entendre sur ce point que le projet structurant doit répondre au moins à l’un de ces critères. A cet égard, il a posé le problème de l’allocation judicieuse de ces ressources financières de l’Etat : entre les mains de qui mettrons-nous ces projets structurants ? L’expérience passée de l’autoroute est-ouest doit inciter à la réflexion. Il a également soulevé des questions de fond liées aux données du Trésor affichées lors de ce panel «Les dépenses continuent d’augmenter plus vite que les recettes. Le déficit budgétaire est toujours là et les besoins de financement restent importants. Le volet recettes pose avec acuité la question de la réforme fiscale et l’épineuse question de l’économie informelle. La structure des dépenses évoque le volet subventions. Le spécialiste a également évoqué en ce sens la lourdeur des coûts associés au soutien du secteur public et les suites à donner aux financements sans fin des entreprises publiques. L’expert a conclu son intervention en évoquant le défi majeur que doit relever l’économie nationale : « L’enjeu essentiel reste le même : la transformation de notre modèle de croissance notamment par un rôle accru du secteur privé» Il a souligné également que la réforme financière ne pourra réussir que dans le cadre d’une réforme de fond de notre système économique.
K.R