Division du travail au sein du grand département de l’Énergie : quel impact sur l’économie nationale ?
Un tournant dans la gouvernance énergétique
La séparation des portefeuilles ministériels entre les hydrocarbures et les énergies renouvelables, opérée dans le nouveau gouvernement Ghrieb, marque un tournant stratégique dans la gouvernance du secteur énergétique. Pour l’expert Said Beghoul, cette division du travail vise à améliorer l’efficacité de gestion et à relancer des projets clés comme l’hydrogène vert et les centrales solaires, dans un contexte de transition énergétique urgente.
Par Khaled Remouche
La séparation des portefeuilles ministériels entre hydrocarbures/mines et énergies renouvelables constitue l’un des changements les plus stratégiques du nouveau gouvernement Ghrieb. Une décision saluée par l’expert en énergie Said Beghoul, qui y voit une meilleure efficacité dans la gestion des ressources et un levier pour relancer les projets de transition énergétique.
Le maintien de Mohamed Arkab en tant que ministre d’État chargé des Hydrocarbures et des Mines, et la promotion de Mourad Adjal, ancien PDG de Sonelgaz, au poste de ministre de l’Énergie et des Énergies renouvelables, représentent un changement notable dans la composition du nouveau gouvernement. Dans un pays où le secteur de l’énergie constitue le moteur principal de l’économie, cette réorganisation soulève une question centrale : quel impact pourrait avoir cette division du travail sur l’économie nationale ?
Contacté à ce sujet, l’expert en énergie Said Beghoul, ancien responsable de l’amont à Sonatrach, considère cette décision comme positive. Il rappelle qu’il y a eu récemment plusieurs créations d’organismes : le ministère de l’Énergie et des Énergies renouvelables, désormais distinct, ainsi que le Haut-Commissariat aux Énergies renouvelables. Pour lui, cela a généré une certaine redondance et confusion dans les responsabilités. « La seule solution efficace est de dissocier clairement les énergies renouvelables — solaire, éolien, biomasse, géothermie — des énergies fossiles », affirme-t-il.
Said Beghoul estime que la gestion conjointe des hydrocarbures, des mines et des énergies renouvelables est une charge trop lourde pour un seul ministre. « Si on prend le cas de Mohamed Arkab, il est difficilement possible d’être efficace avec un portefeuille aussi chargé. » Il se réjouit de cette répartition : « La meilleure façon de faire les choses, c’est de décentraliser. Il ne faut pas mélanger énergie, mines et renouvelables. J’ai apprécié ce changement qui crée deux portefeuilles distincts : un ministère pour les hydrocarbures et les mines, et un autre pour l’énergie et les énergies renouvelables. »
Reste à déterminer précisément les prérogatives de chaque département. Si l’on sait désormais que les énergies renouvelables seront placées sous la tutelle de Mourad Adjal, une question reste en suspens : qui pilotera le programme de développement de l’hydrogène vert ? Il faut rappeler que Sonatrach a déjà élaboré une stratégie à court, moyen et long terme pour sa mise en œuvre. Pour Said Beghoul, la réponse est claire : « L’hydrogène vert n’est pas une énergie fossile. Il est produit à partir de l’eau, via un procédé d’électrolyse. Il doit donc relever du ministère de l’Énergie et des Énergies renouvelables. »
Les deux ministres font face à des défis majeurs. Pour Mohamed Arkab, il s’agit d’augmenter la production et les exportations d’hydrocarbures dans un contexte de forte croissance de la consommation intérieure, de mettre en œuvre la nouvelle loi minière et de développer le potentiel en lithium, terres rares, cuivre et manganèse. Pour Mourad Adjal, l’enjeu principal sera de concrétiser la production et l’exportation d’hydrogène vert, et de superviser la mise en service d’une série de centrales photovoltaïques dans le cadre du programme de 3.200 MW prévu d’ici fin 2025, voire en 2026.
Compte tenu du retard important enregistré dans la mise en œuvre du programme national visant à produire 15.000 MW en énergies renouvelables à l’horizon 2035 — soit 1.000 MW par an, selon l’objectif initial fixé en 2020 —, l’entrée en service de ces vingt centrales photovoltaïques constituerait déjà un véritable exploit, souligne Said Beghoul.
K.R.



