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Impact de la baisse du taux de réserve obligatoire : 160 milliards de dinars injectés dans l’économie

Assouplissement monétaire : quel effet sur l’économie réelle ?

La Banque d’Algérie injecte 160 milliards de dinars dans le circuit bancaire en abaissant le taux de réserve obligatoire. Une mesure censée stimuler le financement de l’investissement productif, mais dont l’impact réel suscite le débat.

Par Khaled Remouche

La Banque d’Algérie a décidé, lors de la réunion du Conseil monétaire et bancaire tenue le 28 août dernier, d’assouplir les conditions monétaires. Deux mesures phares ont été prises : le taux directeur a été abaissé à 2,75% contre 3% précédemment, et le taux de la réserve obligatoire a été réduit à 2%, contre 3% auparavant.

Mais quelle sera la portée réelle de ces décisions sur l’économie nationale ?

Selon un spécialiste financier, cette réduction du taux de réserve obligatoire libère une enveloppe significative de 160 milliards de dinars de fonds prêtables. « Les banques commerciales étaient tenues de déposer 3% de leurs ressources à la Banque centrale. Désormais, elles ne devront plus verser que 2% », explique-t-il.

Étant donné que l’ensemble des dépôts des banques commerciales s’élève à près de 16.000 milliards de dinars, cet assouplissement représente l’équivalent d’environ 1 milliard de dollars remis en circulation dans le circuit bancaire. Ces ressources nouvelles sont appelées à renforcer le financement de l’économie, et plus particulièrement de l’investissement productif.

Le Conseil monétaire et bancaire souligne que cet assouplissement vise à renforcer la capacité du système bancaire à soutenir l’économie nationale. Il s’agit de la mesure la plus marquante en matière de politique monétaire sur les derniers mois.

Par ailleurs, la baisse du taux directeur pourrait également inciter les banques commerciales à réduire légèrement leurs taux d’intérêt, notamment ceux appliqués aux crédits d’exploitation, selon le même expert.

Cependant, ce dernier émet des réserves sur le concept de « crédits à l’économie » souvent mis en avant par la Banque d’Algérie pour illustrer l’impact de sa politique monétaire. Il préconise plutôt l’utilisation du terme «crédits à la clientèle», estimant que la première appellation inclut les crédits au Trésor, ce qui fausse l’analyse de l’impact réel du crédit bancaire sur l’activité économique.

En effet, cette nomenclature ne permet pas de distinguer clairement la part des crédits à l’investissement, des crédits d’exploitation ou encore des crédits consentis à l’État. Elle rend donc difficile l’évaluation de la performance des banques commerciales dans le soutien à l’investissement productif.

La Banque d’Algérie a justifié cet assouplissement monétaire par une double évolution positive : un taux de croissance économique de 4,5% au premier trimestre de 2025, et une hausse de 5,36% des crédits à l’économie entre décembre 2024 et juin 2025, dans un contexte de baisse de l’inflation. Mais cette dynamique mérite d’être nuancée.

La véritable question est de savoir dans quelle mesure les crédits à l’investissement ont effectivement progressé au cours de cette période. Seule une hausse significative de ces derniers permettrait de soutenir durablement une dynamique économique structurelle.

K.R.

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