Situation du secteur bancaire à fin 2024 : hausse des dépôts et des crédits mais intermédiation limitée
La capitalisation du secteur reste inférieure aux standards régionaux, selon l’économiste Rachid Sekak.
 
						À fin 2024, la capitalisation de la place bancaire nationale atteignait l’équivalent de 180 milliards de dollars, soit près de 68 % du PIB. Un niveau jugé modeste par rapport aux pays voisins, traduisant une faiblesse persistante de l’intermédiation bancaire.
Par Khaled Remouche
La capitalisation de la place bancaire nationale se situe à l’équivalent de 180 milliards de dollars américains à fin 2024, soit près de 68 % du PIB. Le secteur bancaire algérien reste néanmoins de taille modeste, observe l’économiste Rachid Sekak.
Dans une compilation suivie d’une analyse des bilans des banques publiques et privées nationales à fin 2024, réalisée par le cabinet de conseil Sekak Finances, dirigé par Rachid Sekak, économiste et ancien dirigeant de banque, ressortent les principales évolutions du secteur bancaire.
Dans une première partie de son texte intitulée « Le marché bancaire en Algérie à la fin de 2024 », l’économiste décrypte les tendances majeures. Premier constat : « un marché bancaire qui croit moins vite que l’inflation (taux officiel de 4,8 % en 2024) ». En effet, précise Rachid Sekak, le total bilan de la place bancaire est de 24 342 milliards de dinars à fin 2024, en hausse de 4,12 % par rapport à l’année précédente.
On note une tendance à la hausse du total bilan des banques au cours des cinq dernières années : 19 301 milliards de dinars à fin 2021 contre 23 379 milliards en 2023. La progression du total bilan des banques publiques (+3,50 %) a été moins forte que celle des banques privées (+8,49 %), constate-t-il.
En dépit de l’importance de ces résultats, l’économiste observe que le secteur bancaire algérien reste de taille modeste : environ 180 milliards de dollars au taux de change observé à fin 2024. « La capitalisation de la place, souligne-t-il, représente moins de 68 % du PIB, à comparer avec une capitalisation au-delà de 120 % du PIB chez certains pays voisins », a-t-il argué. Cet indice, observe-t-il, est symptomatique d’une relative faiblesse de l’intermédiation bancaire.
Seconde caractéristique du secteur bancaire : les sept banques publiques, y compris la plus récente, la Banque nationale de l’habitat (BNH), continuent de dominer le marché avec 21 240 milliards de dinars de total bilan (87,25 %) contre 3 102 milliards pour les banques privées. On retrouve la même domination au niveau du réseau bancaire : 1 249 agences pour les banques publiques (75 % du total) contre 400 pour les banques privées (25 %).
Autre constat : une hausse des dépôts de la clientèle de 9,98 %. Cette hausse s’explique en particulier par l’augmentation des dépôts à la BEA (plus de 700 milliards de dinars), fortement liés aux revenus tirés du secteur des hydrocarbures. Les dépôts de la clientèle chez les banques publiques se chiffrent à 14 304 milliards de dinars (85,33 %), tandis que ceux des banques privées se situent à 2 458 milliards (14,66 %). Pour l’économiste, la collecte des ressources par les banques privées a été légèrement plus efficace : +10,22 % contre +9,94 % pour les banques publiques en 2024.
Les dépôts de la clientèle provenaient à 40 % des ménages, 20 % des entreprises privées et 40 % des entreprises et organismes publics, selon les données de la Banque d’Algérie.
Dépôts de devises : 6,75 milliards de dollars US en 2023
Quant aux dépôts en devises, ils étaient à fin 2023 en baisse de 690 millions de dollars américains : 6,75 milliards USD contre 7,44 milliards USD en 2022. Les données concernant l’exercice 2024 ne sont pas encore disponibles, ajoute l’auteur du texte.
Concernant les prêts, le secteur bancaire enregistre la continuité de la relance du crédit en 2024, après celle observée en 2023. Autrement dit, les crédits à la clientèle continuent de progresser. Les prêts en 2024 sont en hausse de 4,39 %.
L’augmentation des crédits chez les banques publiques a été de 3,49 % contre 9,18 % pour les banques privées, qui affichent dans ce domaine un plus grand dynamisme, ajoute l’auteur. Les banques publiques participent toutefois à hauteur de 83,40 % des crédits à la clientèle, contre 16,60 % pour les banques privées. Les banques publiques financent la quasi-totalité des crédits au secteur public et les trois quarts des crédits au secteur privé. Les banques privées, elles, sont absentes du financement du secteur public mais contribuent à hauteur de 25 % des crédits au secteur privé.
K.R.
 
				 
					 
					 
					


