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Banques en Algérie : les titres publics pèsent lourdement sur les bilans à fin 2024

Les banques publiques restent tournées vers le financement du déficit budgétaire.

La montée en puissance des titres publics dans les bilans bancaires traduit la dépendance croissante du Trésor aux ressources des banques. Si cette tendance sécurise le financement des finances publiques, elle pourrait réduire l’accès des entreprises privées aux crédits d’investissement.

Par Khaled Remouche:

La forte proportion de titres publics dans le bilan des banques publiques pourrait exercer un effet d’éviction, autrement dit réduire l’accès au crédit pour financer l’investissement productif des entreprises privées.

Dans sa compilation des bilans bancaires, l’expert Rachid Sekak relève une présence accrue d’actifs liés à l’administration (obligations, bons du Trésor, obligations assimilables). Ce phénomène trouve son origine dans le déploiement du programme spécial de refinancement, marqué par le rachat par le Trésor, en 2021 et 2022, des crédits dits syndiqués auprès des banques publiques, contre émission d’obligations pour un montant de 2 599 milliards de dinars (source : Banque d’Algérie).

À fin 2024, les banques de la place détiennent 8 303 milliards de dinars en titres du Trésor, soit en moyenne 34,10 % de leurs bilans. Elles jouent donc un rôle croissant dans le financement du déficit budgétaire, souligne Rachid Sekak.

Banques publiques très exposées

Sur ce total, 7 685 milliards de dinars sont détenus par les banques publiques et 618 milliards par les banques privées. En 2020, cette exposition n’était que de 1 301 milliards de dinars (9,49 % du bilan), avant de grimper rapidement : 4 799 milliards fin 2021 (28,63 %), 5 943 milliards fin 2022 et 6 782 milliards fin 2023.

La BNA est la plus exposée : 3 196 milliards de dinars de titres d’État, soit 55 % de son bilan, contre 1 924 milliards en 2021. La BEA suit avec 1 463 milliards (25 % du bilan, contre 642 milliards en 2021). Le CPA, la CNEP, la BDL et la BADR détenaient respectivement fin 2024 : 830 milliards, 881 milliards, 534 milliards et 486,3 milliards de dinars. Pour la CNEP, les titres publics représentent 41,80 % du bilan.

Cette évolution pourrait peser lourdement sur le financement des entreprises privées, alors que celles-ci dominent les projets d’investissement enregistrés par l’AAPI.

Banques privées : une tendance similaire

La tendance concerne aussi les banques privées. « Les banques privées interviennent de plus en plus dans les transactions de titres publics. Cette activité représente une source importante de revenus et traduit une évolution significative des business models », explique Rachid Sekak.

Les instruments les plus utilisés sont les bons du Trésor à 13 et 26 semaines, les bons à 1, 2, 3 et 5 ans, ainsi que les obligations assimilables du Trésor à 7, 10 et 15 ans.

Parmi les banques privées les plus exposées fin 2024 :

  • AGB : 126 milliards de dinars (30 % du bilan)

  • Société Générale Algérie : 125 milliards (24,5 %)

  • Citi Bank : 111 milliards (62 %)

  • HSBC : 48 milliards (49 %)

Une tendance qui confirme que le financement du déficit public s’impose désormais au cœur de l’activité bancaire en Algérie.

K.R.

 

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