Zones maritimes à haut risque : les primes d’assurance s’envolent
Conflits, piraterie et tensions géopolitiques font grimper les coûts d'assurance maritime.

Conflits, piraterie, tensions : les risques explosent et les coûts d’assurance maritime suivent. Désormais, importer ou exporter depuis certaines zones critiques coûtera beaucoup plus cher aux opérateurs économiques.
Par Khaled Remouche
Les compagnies d’assurance et de réassurance revoient leurs tarifs à la hausse pour intégrer l’aggravation des risques liés aux conflits géopolitiques, notamment au Moyen-Orient et en Russie. Cette situation impacte directement les opérateurs économiques algériens.
S’exprimant lors du Forum maritime organisé le 16 avril dernier à Alger, Mme Djamila Hemici, chef de division des grands risques à la Société Algérienne d’Assurance (SAA), a présenté une cartographie des zones dites « très risquées », élaborée en 2023 par le comité CWC où sont représentées de grandes compagnies internationales telles que Lloyd’s. Elle a précisé que cette cartographie signifie, pour les importateurs et exportateurs, une augmentation notable des primes d’assurance et de réassurance, y compris en Algérie, lorsqu’il s’agit de marchandises provenant de ces régions.
Parmi les principales zones identifiées figurent le Golfe d’Aden et le détroit de Bab El-Mandeb, affectés par les tensions résultant du conflit israélo-palestinien à Gaza. Une grande partie des importations algériennes transitant par l’Asie passe par cette route avant d’emprunter le canal de Suez. La Russie est également classée zone à haut risque en raison de la guerre en Ukraine. De plus, Mme Hemici a mis en évidence la recrudescence des actes de piraterie dans le Golfe de Guinée, notamment au Bénin, au Togo et au Nigeria, ainsi qu’au Venezuela et en Asie du Sud-Est. Selon elle, ces risques sont pris très au sérieux par les assureurs. Elle a précisé que pour les zones fortement touchées par la piraterie, «la compagnie d’assurance exclut ce risque de la couverture standard».
Concrètement, si un opérateur algérien souhaite importer ou exporter depuis ces zones, il doit payer une surprime pour être assuré, faute de quoi la couverture lui est refusée. Djamila Hemici a également illustré les lourdes conséquences financières que peuvent engendrer certains sinistres maritimes. Elle a cité l’échouement du porte-conteneurs Ever Given du groupe Evergreen en 2021 dans le canal de Suez, qui a paralysé le trafic maritime pendant plusieurs jours. L’Autorité du canal de Suez avait saisi le navire jusqu’à ce que son propriétaire règle un dédommagement estimé à 900 millions de dollars. Elle a aussi évoqué l’incendie du Maersk Honam en 2018, qui a entraîné des pertes évaluées à 300 millions de dollars. Ces exemples démontrent, selon elle, l’importance capitale pour les compagnies maritimes et d’assurance d’intégrer l’analyse des risques dans leur tarification.
K.R.