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Conférence internationale sur l’économie maritime : Fret et logistique, responsables de 30% de surcoût dans les prix des produits algériens

L’économie maritime en Algérie souffre de retards qui entraînent la compétitivité des produits algériens à l’international. Infrastructures portuaires insuffisantes, coûts logistiques élevés, manque de navires nationaux et lenteur dans la modernisation du cadre réglementaire constituant des obstacles majeurs. Lors de la Conférence internationale sur l’économie maritime, des experts nationaux et internationaux ont examiné les moyens de redynamiser ce secteur clé et de positionner l’Algérie comme un hub logistique pour l’Afrique. Les enjeux de la transition énergétique, imposés par les normes internationales, ont également été discutés.

Par Khaled remouche

De gros efforts restent à faire en matière d’économique maritime tant ce secteur accuse un grand retard dans sa modernisation, dans son organisation et dans ses performances. Qu’il s’agisse de l’infrastructure portuaire, des indicateurs de performance portuaires ,des grandes limites de l’armement national , du cadre réglementaire, des couts logistiques , de la vision stratégique, l’Algérie en dépit des progrès réalisés récemment dans la modernisation des ports accuse de graves insuffisances dans cette branche qui risque de compromettre la compétitivité  des produits algériens à l’international, voire même l’attractivité du marché algérien. C’est ce qui ressort entre autres de la conférence internationale sur l’économie maritime, organisé hier  par  GTS et World Trade Center Alger  animé par des experts internationaux et nationaux  de haut niveau et regroupant des spécialistes et responsables d’entreprises du domaine.

Concernant la situation des ports algériens, l’un des acteurs les plus importants de cette économie maritime nationale : la quasi-totalité de nos importations et exportations s’effectuant par navires, le déficit en grands ports est pointé du doigt. A l’exception du port de Djen Djen, les ports algériens sont de petits port qui ne peuvent accueillir de grands bateaux à cause de leur faible tirant d’eau, souligne Abdallah Serai , Président du syndicat Translog dans son intervention sur l’évolution des ports algériens. De ce fait, les marchandises provenant par exemple de Chine passent par des ports du sud de l’Europe avant d’être embarquées sur de petits bateaux avant de parvenir en Algérie. l’expert qui souligne aussi, « nous enregistrons d’importants surcouts en termes de fret ». Abdallah estime ce surcout à environ 30% du prix du produit contre 10% dans les pays évolués dans le domaine du transport maritime. Nous n’avons investi depuis l’indépendance que dans la réalisation d’un seul grand port de marchandises : celui de Djen Djen, a-t-il relevé. Résultat des courses, le phénomène de congestion des ports persiste.

Comme solutions pour améliorer la performance de ce secteur et réduire les surcouts, il suggère notamment d’encourager les opérateurs algériens à acquérir des navires, à ouvrir l’affrètement aux investisseurs qui permettra l’existence notamment  de la fonction de courtiers maritimes qui n’existe pas en Algérie, la révision du code maritime séparant l’autorité portuaire et l’activité commerciale et autorisant l’affrètement des navires

Mais y a-t-il une stratégie, une vision pour rendre l’économie maritime et l’économie algérienne plus performante? Pour Abdelkrim Rezal, conseiller au Ministère des transports, cette stratégie existe : elle consiste en termes d’ambitions à faire de l’Algérie un hub pour les marchandises à destination de l’Afrique dans la perspective de la mise en œuvre de la zone de libre-échange continentale nord-africaine ZLECAF  et d’améliorer les performances logistiques du pays. Elle a pour axes de s’appuyer sur le port de Djen Djen comme hub. Ce port va réceptionner son terminal à conteneurs de grande capacité qui sera achevé en 2025 et verra l’extension de ses capacités portuaires. Cette stratégie prévoit la réalisation d’un grand port au centre entre Dellys et Cherchell en raison de l’importance du trafic de marchandises au centre : 60 % de ce trafic.

Interrogé sur le projet de grand port de Cherchell s’il est toujours retenu par les pouvoirs publics, l’orateur n’a pu répondre à cette question. Il est également programmé de grands aménagements au port de Mostaganem. L’objectif est de disposer de trois grands ports à l’est, au centre et à l’ouest pour réaliser une telle ambition. Concernant la connectivité de ces ports : il a ajouté que les pénétrantes routières des ports vers l’autoroute est-ouest sont en voie d’achèvement  et que les projets de corridors de voies ferrées programmées reliant le nord au sud est et au sud-ouest du pays ainsi que la route Transsaharienne participent à cette ambition de faire de l’Algérie un grand hub.

Vers la révision du code maritime

Quant au cadre réglementaire, il a indiqué la révision du code porte sur quelques amendements. La priorité dans cette révision est la création de l’autorité portuaire. Pour les autres amendements notamment la question de l’ouverture de l’affrètement aux investisseurs, il faudra attendre quelques mois. Il faudra, concernant sa promulgation, que cela passe par le canal de l’APN et du sénat.

Pour Samir Boumati , le Directeur général de DP World le changement de vision dans le sens positif se passe dans la tête. Le transport maritime est un business. Il faut agir en ce sens pour avoir des indicateurs de performance portuaire acceptables et de se référer à l’international  en matières de performance portuaire et en matière  de programmation et de planification de l’accostage des navires sur une durée bien déterminée.

Point positif, Jan Hoffman, responsable logistique à la Cnuced a noté une progression de 22% de l’indice de connectivité de l’Algérie ces dernières années. Ce qui dénoté des efforts des pouvoirs publics ces dernières années pour achever les projets et moderniser les infrastructures. Mais qui restent nettement insuffisants.

L’image la plus saillante de l’insuffisante évolution de l’économie maritime réside en particulier dans les indicateurs de performance portuaire. Face à une moyenne de traitement de 250 conteneurs par heure à l’international, l’Algérie réalise 10 conteneurs, souligne Farid Yala , expert maritime. Ce spécialiste a remis en cause la stratégie affichée par les pouvoirs publics. Selon lui, on ne parle pas de Hub quand le port destine une partie de la marchandise au marché local. Le port Hub est un port uniquement de transbordement : de gros navires vers les petits navires. On parle beaucoup plus dans ce cas de Gateway. Pour l’ambition africaine de l’Algérie, notre pays connaitra une forte concurrence des multinationales et d’autres pays africains qui misent également à avoir une place importante dans les échanges dans le cadre de la Zlecaf , a-t-il  observé .  Selon lui, la route Transsaharienne est une voie onéreuse et risquée.

Transition énergétique : un défi incontournable

L’une des parties importantes de cette conférence centrée sur l’avenir du transport maritime international sont les défis qui se posent à l’Algérie face aux exigences des conventions internationales. L’un des importants défis est la transition énergétique. Ramdane Ammour, expert maritime indique que dans le transport maritime international, il est exigé trois paliers pour arriver en 2050 à zéro émission de carbone réalisé par navire. Il sera exigé aux navires algériens à partir de 2026 de réduire la consommation de fuel et de remplacer cette énergie par des combustibles moins polluants comme le GNL, l’ammoniac et l’hydrogène.

L’Algérie, a soutenu Abdelkrim Rezal peut devenir un leader avec ses capacités de production de GNL, d’ammoniac et un potentiel  futur grand acteur dans la production d’hydrogène vert et peut donc facilement à alimenter les navires algériens et les navires d’autres nationalités en combustibles moins polluants. L’autre défi est le respect de la convention LMC de l’OIT qui exige des conditions de travail acceptables pour les marins  dans les navires. Sans quoi, les navires peuvent être détenus et immobilisés par notamment par les ports européens

K.R.

North Africa Energy & Hydrogen Exhibition and Conference
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