Noureddine Legheliel, spécialiste pétrolier et analyste boursier :« Les acteurs du marché tablent sur des prix du baril de pétrole entre 75 et 80 dollars au cours des prochains mois»
«La tendance est à la hausse des prix du gaz sur les marchés internationaux»

Dans cet entretien, l’expert pétrolier présente les tendances en matière d’évolution des prix du pétrole et du gaz à court terme. Pour le spécialiste, la tendance est à la hausse des prix du gaz sur les marchés internationaux.
Entretien réalisé par : Khaled Remouche
Algérie Invest : Quelle est votre appréciation sur l’évolution des prix du pétrole ces derniers mois ?
Noureddine Legheliel : La tendance sur les marchés pétroliers internationaux est à la prudence. Ce qui est sûr, à brève échéance, c’est qu’il n’y aura pas d’effondrement des prix du pétrole. Les prix du Brent vont fluctuer entre 70 et 80 dollars. L’objectif de l’OPEP à travers les baisses de production est d’atteindre des prix du baril de pétrole entre 80 et 100 dollars. Il faut rappeler encore une fois que ce n’est pas l’OPEP qui fixe les prix du pétrole mais les acteurs du marché international du pétrole. Pour preuve, en dépit des baisses dans la production de l’OPEP, les prix du baril du pétrole n’ont pas augmenté. Les acteurs du marché tablent sur des prix entre 75 dollars et 80 dollars le baril.
Des rumeurs laissent entendre que l’Arabie Saoudite va adopter prochainement une politique de reconquête de ses parts de marché perdus suite aux décisions successives de coupes dans la production de l’OPEP ?
Je pense que l’Arabie Saoudite a tiré les leçons du passé. Les Saoudiens n’oublient pas qu’en novembre 2014 lorsqu’ils ont décidé d’inonder le marché, il y a eu un krach des prix du pétrole. Il y a eu une baisse des prix du pétrole jusqu’à 28 dollars le baril. Ce n’est pas le but des Saoudiens. Ils gardent en mémoire l’expérience du passé. Il faut noter que malgré la grande production de pétrole des Etats Unis, cette dernière ne grignote pas sur les parts de marché de l’Arabie Saoudite et ne menace pas ce pays sur le marché. Car c’est un pays importateur de pétrole. Sa production de brut ne satisfait pas entièrement les besoins domestiques des Etats Unis.
Quelle est la tendance en matière d’évolution des prix du gaz sur les marchés internationaux ?
Il convient de rappeler que mes prévisions concernant l’évolution des prix du gaz affichées lors du sommet du GECF à Alger se sont avérées justes. J’avais prédit une hausse des prix du gaz après une baisse important des prix de cette matière première quelque mois avant cet évènement. En effet les prix du gaz sur le marché américain ont doublé : de 1,52 dollars le million de BTU en février 2024, il s’est retrouvé à 3 dollars le million de BTU. Cette baisse des prix du gaz est dû à sune ur réaction du marché suite à un hiver chaud. Après un creux, les prix du gaz sont revenus à la normale. Sur les marchés européens, les prix du gaz ont augmenté de 85% : de 39 euros le MWH à 50 euros le MWH actuellement. Les prix du gaz sur le marché américain se situent à 3,5 dollars le million de BTU aujourd’hui.
L’OPEP prédit une demande pétrolière mondiale à hauteur de 116 millions de barils/j d’ici à 2045. Comment commentez-vous cette prévision ?
Je ne crois pas aux prévisions à long terme. Il y a tellement d’évènement imprévisible qui peuvent survenir et qui peuvent fausser ces prédictions.
Quel est l’impact de ces tendances de prix sur l’économie algérienne ?
Ces tendances sont favorables pour l’économie algérienne. Concernant le gaz, les exportations de gaz vers l’Italie sur le base de contrats long terme ont été établis sur la base de prix favorables à l’Algérie. Ce qui n’est pas le cas pour l’Espagne. Les clauses contractuelles en matière de prix du gaz algérien vendu à l’Espagne ont été révisées en 2020 à des prix plus bas.
Un dernier mot ?
Il faut être optimiste. Il n’y aura pas d’effondrement des prix du pétrole à court terme. La tendance est à la hausse des prix du pétrole. Les prix du pétrole n’obéissent pas aujourd’hui aux fondamentaux, particulièrement à l’offre-demande. L’OPEP a procédé à des coupes dans sa production, cela n’a pas entrainé une hausse sensible des prix du pétrole.
K.R.
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