Economie circulaire: Iskefe, le leader turc du cuir et de la gélatine envisage d’investir en Algérie
Le Turc compte introduire en Algérie un modèle de production unique dans le monde
L’Algérie peut devenir un exportateur net de gélatine alimentaire et de collagène en peu de temps pour peu que l’écosystème suive.
Par Khaled Remouche
Le groupe turc Iskefe, numéro un en Turquie dans la production de cuir, de gélatine alimentaire et de collagène, envisage d’introduire en Algérie un modèle innovant d’économie circulaire, le premier du genre appliqué dans ses tanneries à travers le monde, a déclaré Ibrahim Elciboga, membre du conseil d’administration d’Iskefe, contacté par Algérie Invest.
Ce holding vient de déposer son dossier à l’Agence Algérienne de Promotion de l’Investissement (AAPI) pour implanter son projet en Algérie. Il s’agit d’un projet de tannerie intégrée. En un mot, le complexe projeté inclut, outre la tannerie, des installations de production de gélatine alimentaire et de collagène. À noter qu’Iskefe est également numéro un en Europe dans la production de ces deux matières premières. La particularité de ce projet réside dans l’utilisation des déchets issus de la production du cuir pour produire de la gélatine alimentaire et du collagène. « Nous voulons introduire ce modèle en Algérie », ajoute Ibrahim Elciboga. Actuellement, ces déchets sont jetés en Algérie.
La gélatine alimentaire est une matière première utilisée par l’industrie agroalimentaire, notamment pour la fabrication de yaourts et de pâtisseries. Le collagène, quant à lui, est une matière première utilisée pour fabriquer des compléments alimentaires destinés à traiter les troubles des os, des muscles et de la peau. Le traitement des déchets par le complexe ne se limite pas à ces deux produits. Les poils issus des peaux de bovins peuvent servir de matière première pour produire de la kératine. La graisse obtenue de ces peaux peut servir de matière première pour produire du savon, des bougies, des aliments pour animaux et même du biodiesel. La production d’acides aminés peut également être issue de ces déchets.
La réalisation de ce projet pourrait ainsi avoir un effet d’entraînement avec la création de petites et moyennes entreprises autour du complexe, ayant pour cœur de métier l’utilisation des matières premières produites par ces usines. Il faut savoir que l’investissement projeté se situe entre 20 et 40 millions de dollars. Le complexe comprendra une tannerie d’une capacité de production de 1 000 tonnes par mois et des installations de production de gélatine alimentaire et de collagène d’une capacité de 600 tonnes par mois. La première étape du projet est la production de cuir, suivie dans une seconde étape par la fabrication de gélatine alimentaire. La troisième étape sera la fabrication du collagène. La durée entre ces étapes ne dépasse pas plusieurs mois. Il est important de noter que ces deux produits ont une valeur ajoutée bien supérieure à celle du cuir. En effet, dans le chiffre d’affaires du holding Iskefe, la part de ces deux produits représente 60 %, contre 40 % pour le cuir.
Le membre du conseil d’administration a ajouté que les délais de réalisation de ce projet sont de seulement 16 mois. Cependant, étant donné que ce complexe a besoin de beaucoup d’eau, comme c’est le cas pour toutes les tanneries, Iskefe a demandé à ce que le terrain octroyé soit proche des stations de dessalement d’eau de mer ou d’autres sources abondantes d’eau.
Concernant le choix de notre pays, Iskefe considère que l’Algérie est un pays sûr et avantageux, avec sa position géographique, ses infrastructures et sa logistique. « Si les avantages compétitifs peuvent être créés, l’Algérie peut devenir un exportateur net mondial en peu de temps de tels produits, avec un grand écosystème qui se développera autour d’Iskefe, regroupant entrepreneurs et producteurs locaux. », conclut Ibrahim Elciboga. En somme, Iskefe a révolutionné l’industrie du cuir d’abord en Turquie puis dans le monde avec sa méthode de transformation de la gélatine et du collagène. Son objectif est de devenir un acteur mondial du développement durable, notamment par le respect de l’environnement. Ce holding est également orienté vers l’investissement continu, la recherche et développement et l’ouverture à l’international. Dans ce sillage, il a acquis quatre tanneries, notamment au Brésil, au Kazakhstan et en Égypte, et envisage de s’implanter en Algérie. Autre référence : l’exportation de ses produits vers 70 pays.
K.R.
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